Les préparatifs militaires le long de la frontière entre Israël et la Syrie vont bon train
Un an après la guerre entre le Hezbollah et Israël, les bruits de botte semblent refaire surface malgré un calme trompeur. L’intronisation du président syrien, Bachar al-Assad, après sa réélection avec 97,2% des voix, a été marquée par un discours d’ouverture envers Israël. Ainsi, il exige que les dirigeants israéliens prennent au sérieux la proposition syrienne d’un retrait israélien du plateau du Golan contre un accord de paix, similaire avec le Traité de paix entre Israël et l’Égypte en 1979.
Israël de son côté, par l’intermède d’Ehoud Olmert, a invité les Syriens à ne pas attendre le retour des Américains à la table des négociations. Les Syriens sont clairs, il n’y aura pas de paix sans un retour du plateau du Golan sous sa souveraineté. Aux yeux de tous, les quelques 1 158 km2 du plateau du Golan constituent à n’en pas douter un atout politico-stratégique de première importance pour l’État hébreu. Contrôlé par Tsahal à partir de juin 1967 à l’issue de la guerre des Six Jours, le plateau a été annexé en 1981, sous le gouvernement de Menahem Begin, par une loi fondamentale de la Knesset. Quatre décennies plus tard, alors qu’Israël l’a peuplé et développé, le Golan est devenu à ce point une carte stratégique que même le distingué James Baker – ex-secrétaire d’État américain de Bush-père au début des années 1990 et qui n’est pas, tant s’en faut, un grand amoureux du sionisme – en a fait un point central dans son fameux rapport sur la situation en Irak.
Le plateau du Golan, enjeu géostratégique pour Syriens et Israéliens
Cependant, le processus de dialogue, qui s’est interrompu en 2000, semble difficile à réamorcer. L’axe Damas-Téhéran qui n’a cessé de se renforcer depuis la guerre en Irak en 2003 est pris au piège de sa rhétorique. La reprise du dialogue israélo-syrien est dépendant de nombreux facteurs : la situation dans les Territoires occupés, la crise au Liban, la guerre en Irak et le nucléaire iranien.
Le pouvoir syrien comme le Hezbollah semble prisonnier des tentacules du pouvoir iranien. Cependant, il ne faut pas douter de l’indépendance du pouvoir syrien qui connaissance de cause soutient les groupes palestiniens comme le Hamas et approvisionne en armes le Hezbollah. Les Israéliens ne cessent pas d’avertir la communauté internationale sur la situation périlleuse qui se développe sur le terrain. Le calme qui règne actuellement dans la région est précaire. La prise du contrôle de la bande de Gaza par le Hamas est une source de nouvelles tensions entre la Syrie et Israël.
Si dans les couloirs diplomatiques, on essaye de rabibocher les différentes parties, sur le terrain les préparatifs militaires se déroulent de manière active. L’inquiétude est grande chez les diplomates sur le risque d’un conflit de grande ampleur. Denis Ross, ancien négociateur américain au Moyen-Orient du temps de Clinton, craint qu’un conflit éclate entre les deux parties vu la situation d’extrême tension dans l’ensemble de la région.
Israël a effectué au début de l’année des exercices de préparation sur le plateau du Golan. Des deux côtés de la frontière israélo-syrienne, les tractopelles creusent des tranchées et du côté syrien, on a observé des mouvements de troupe, non loin de la frontière. Par ailleurs, les Syriens vivant au Liban ont reçu l’ordre de revenir sur le territoire. Certains y voient un signe précurseur d’un conflit à venir. Ceci reste à voir.
L’hostilité de la famille Assad envers Israël complique sérieusement la crédibilité d’un vrai compromis de paix. Autre facteur, la présence toujours active du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, auprès de la Syrie, rend peu plausible la thèse d’un prochain accord de paix. La visite d’Ahmadinejad en Syrie, jeudi 19 juillet, doit renforcer la coopération entre les deux pays. La fenêtre d’opportunité pour un accord de paix est minuscule mais le fait de la saisir peut être une chance inestimable. Le mois d’août risque de faire entrer le Proche-Orient dans une période de fort tumulte.
F.V.