L’élection de l’ancien chef du KGB, Leonid Tibilov, au poste de président en Ossétie du Sud renforce la position russe dans cette république autoproclamée.
Finalement l’Ossétie du Sud connaît son nouveau président, dimanche 8 avril 2012, lors du second tour, en la personne de Leonid Tibilov. L’ancien chef du KGB local, 60 ans, a été élu avec 54,12% des suffrages contre son jeune concurrent David Sanakoev, 35 ans. Avec un taux de participation s’élevant à 71,26%, cette élection doit mettre un terme à une crise politique longue de plusieurs mois dans cette petite enclave du Caucase.
Lors d’un précédent suffrage organisé en novembre 2011, la candidate Alla Djioeva, opposante au président sortant ossète Edouard Kokoïty, a vu son élection à la présidence invalidée. Dans le même temps, le Kremlin soutenait le candidat du parti Unité (Edintsvo), filiale de Russie Unie (Edinaya Rossiya), Anatoliy Bilibov. Critique de la gestion du président Kokoïty, Alla Djioeva jugeait sévèrement le niveau de corruption qui règne actuellement dans la petite république. En effet, les millions de dollars pour la reconstruction qui ont été transférés, via la Russie, en direction du gouvernement sud-ossète auraient été détournés. Ces accusations ont catalysé la colère de population de ce micro-État qui compte plus de 50.000 habitants.
En février 2012, suite à cette invalidation de la Cour Suprême sud-ossète, la police a envahi les locaux du parti d’Alla Djioeva. Cette répression a envoyé sa représentante à l’hôpital. Toujours hospitalisé au moment de ces nouvelles élections, Alla Djioeva a déclaré ne pas en reconnaître sa légitimité. Malgré son absence, elle attend de voir les premières actions politiques du nouveau président élu. Le nouvel homme fort d’Ossétie du Sud n’est pas directement affilié au Kremlin. Le candidat officiellement soutenu par Moscou, Dmitri Medoev, actuel ambassadeur de l’Ossétie du Sud en Russie, a été éliminé dès le premier tour, le 25 mars 2012.
Cependant, il n’est pas question pour les candidats à la présidentielle sud-ossète d’être pro ou anti-russe, le curseur se place sur la gestion des finances publiques par les autorités en place. La critique se dirige également vers Moscou qui soutiendrait le mauvais candidat puisqu’il appartiendrait au clan de la corruption. Leonid Tibilov a clamé la même ardeur à lutter contre la corruption qui a largement entaché les années de pouvoir d’Edouard Kokoïty. Quant à la Russie, elle éprouve de grandes difficultés à établir des rapports sereins avec ses républiques affidées.
Le Kremlin, un parrain encombrant
Que ce soit l’Ossétie du Sud, l’Abkhazie et même la république dissidente de Transnistrie, la diplomatie russe accumule les échecs lorsqu’il s’agit de mettre au pouvoir ses hommes. Même si Moscou veut un contrôle politique et économique étroit de ce qu’elle considère comme ses postes avancés, les populations locales semblent indiquer sa volonté de garder le contrôle sur son destin. L’élection de Leonid Tibilov est un prolongement de cette volonté. Même si l’homme reste un proche de Moscou, formé au KGB, il n’entend pas être totalement aux ordres du Kremlin.
Le retour de Vladimir Poutine au Kremlin, le 8 mai prochain, pourrait durcir la position russe vis-à-vis de ces républiques satellitaires. Aussi bien l’Abkhazie que l’Ossétie de Sud, peu de pays ont reconnu les indépendances de ces républiques. En Amérique latine, par exemple, seuls le Venezuela et le Nicaragua, alliés de la Russie, ont reconnu ces États. Mais l’absence de reconnaissance formelle de la part des Nations unies rend les deux républiques sécessionnistes dépendantes de la contribution financière russe. Dans ce contexte, les élections sud-ossètes n’ont aucune légitimité aux yeux de l’Union européenne, des États-Unis et évidemment de la Géorgie.
Les relations entre la Russie et la Géorgie bloquent toujours sur ce que le gouvernement géorgien appelle l’occupation de la part des forces russes. Le président Mikheil Saakachvili revendique la souveraineté géorgienne sur ces deux républiques de facto indépendante. Suite à l’intervention des forces armées russes, en août 2008, en territoire géorgien, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud vivent sous protection russe.
Véritables protectorats, ces deux territoires ont autorisé un renforcement de la présence militaire russe ces dernières années. En septembre 2011, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud ont ratifié un accord respectif avec la Fédération de Russie autorisant cette dernière à y stationner ses troupes, et ce pour 49 ans, avec la possibilité d’un extension de 15 années supplémentaires. Au final, si les leaders politiques d’Ossétie du Sud se veulent revendicatifs et critiques à l’égard de Moscou, ces derniers n’ont pas véritablement les moyens de leurs ambitions. Tant sur le plan militaire qu’économique, la survie de cette république dépend largement des perfusions provenant du bienfaiteur russe.
F.V.
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