La mort du prince héritier, Sultan ben Abdelaziz Al Saoud, propulse Nayef aux avant-postes du Royaume de la famille Séoud et représente le dernier héritier direct de son fondateur, Abdelaziz Ibn Saoud.
Au moment où le contexte géopolitique n’a jamais été aussi instable, l’Arabie Saoudite vit une crise de sa gérontocratie qui s’est constitué de facto à la mort du roi Abdelaziz Ibn Saoud. En effet, la règle dynastique des tribus prévoit la transmission du pouvoir aux frères, puis aux demi-frères du roi. Cette situation perdure depuis 1953. La première génération dirige toujours le Royaume fondé par leur père. Un système qui touche ses limites.
Alors que le roi Abdallah, 87 ans, connaît d’importants problèmes de santé, le prince héritier Sultan, vient de disparaître, bouleversant l’ordre de succession au sein du Royaume. Sultan, 85 ans, victime d’un cancer du colon, cède son fauteuil, à son demi-frère, Nayef, 78 ans. La fragile santé et l’âge avancé de l’actuel régent du Royaume amènent le pouvoir saoudien à accélérer le processus de transmission vers la seconde génération : les petits-fils d’Ibn Saoud. Nayef aura la lourde responsabilité de la réaliser en bon ordre et d’éviter le chaos et la lutte pour le pouvoir entre les clans.
L’incapacité du roi et du prince héritier ont favorisé l’émergence rapide de Nayef. La faiblesse physique de ses deux demi-frères l’a déjà à diriger de nombreuses prérogatives du Royaume. Ministre de l’Intérieur, depuis près de quarante ans, il est proche des milieux très conservateurs wahhabites. Une donnée qui inquiète particulièrement Washington qui ne verrait pas en ce futur roi, un homme pragmatique, contrairement au roi Abdallah. Au même moment où la région connaît de profond changement, le futur prince héritier opèrerait une paralysie générale à toute avancée en matière de libertés publiques et sociales.
Les tensions avec l’Iran fragilisent, en outre, sa position au sein du monde musulman. Le premier producteur de pétrole, et gardien des lieux saints musulmans, se permet de vivre en dehors de certaines réalités. Par ce décès, la fragilisation des institutions politiques pose question. La nomination du second prince par le Conseil d’allégeance sera déterminante pour cette transmission historique entre la première et deuxième génération. La modernisation de l’Arabie Saoudite est inévitable, le statu quo ne serait être viable à long voire moyen terme.
Désormais, les petits-fils du roi Abdelaziz Ibn Saoud sont plus proches que jamais du trône. En revanche, les clans des princes causent la plus grande inquiétude sur la stabilité future du pays. Deux familles puissantes se font face en chien de faïence : les princes issus de Hassa bint Ahmed Al Soudayri et ceux issus de Fahda bint Assi Al Churaym. Le clan de Soudayri et celui des Chammar, dont est issu l’actuel roi, détiennent en partie les clés de l’avenir.
De ce contexte mouvant, les autorités saoudiennes suspendent leur existence et leur légitimité d’un facteur : le pétrole. Consciente de l’importance de cet enjeu fondamental pour la stabilité du Moyen-Orient, et du monde, la famille royale préserve au maximum l’état des réserves hydrocarbures dans les sous-sols désertiques de la péninsule arabique. Jusqu’à présent le plus grand secret du royaume a été préservé, mais plus les conditions de production évolueront vers un régime de stress, plus les divisions au sein du pouvoir seront inévitablement acérées. Si Riyad, atone, fait mine de vivre hors du temps, le temps presse et nul doute, que la famille royale ait conscience de ce paramètre.
F.V.
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