L’ancienne Premier ministre n’a bénéficié d’aucune clémence de la justice ukrainienne. Elle est condamnée à sept ans de prison ferme.
Comme un précédent article le révélait, Ioulia Timochenko, justiciable, devait faire face à un procès pour abus de pouvoir dans l’accord gazier entre Gazprom et Naftogaz signé, en janvier 2009, avec l’actuel Premier ministre russe, Vladimir Poutine. Le verdict a été rendu et pour l’ancienne égérie de la Révolution orange, l’avenir vient de s’obscurcir. Le juge Rodion Kireev a eu ses mots qui brise le destin de l’opposante : « Le tribunal a décidé de reconnaître Ioulia Volodymirovna Timochenko coupable ». La justice ukrainienne vient de la condamner à sept ans de prisons et à une amende de 140 millions d’euros. Cette lourde condamnation interroge sur les motivations de la justice ukrainienne mais aussi sur la réalité des faits attribués.
Sur un plan diplomatique, cette décision isole considérablement l’Ukraine. Le tribunal de Kiev aura réussi à réunir l’unanimité contre lui. Sa décision a suscité la colère et l’incompréhension tant du côté des chancelleries occidentales que du Kremlin. L’Union européenne n’a cessé de faire pression sur les autorités ukrainiennes concernant la crédibilité du procès à l’encontre de l’ex-Premier ministre. Bruxelles menace de sanction le pays si la condamnation se confirmait. Pour l’Ukraine, le risque est important de voir la signature d’un accord d’association avec l’UE s’envoler en fumer. Le président Viktor Ianoukovitch est conscient du danger qui guette son pays et a tenu à rappeler que le jugement n’est « pas définitif ». En effet, Ioulia Timochenko a toujours la possibilité de faire appel. À n’en pas douter, ses avocats lui conseilleront de le faire. Elle a, par ailleurs, indiqué son intention de saisir la Cour de justice européenne pour contester la validité du jugement. Mais au-delà, elle entend l’utiliser comme tribune politique pour « protéger l’Ukraine de l’autoritarisme et de l’absence de liberté ».
La Russie dans le viseur
Si l’Union européenne semble furieuse du résultat du jugement, la Russie n’est pas en reste. Le ministère des Affaires étrangères, à Moscou, a vivement réagi en dénonçant le caractère « manifestement anti-russe » du procès. Le MID a tenu à rappeler la conformité des accords qui ont été conclu entre les deux pays et estimé que personne n’a invalidé « les accords juridiquement contraignant entre Gazprom et Naftogaz ». Mais l’actuel gouvernement tente de renégocier ces contrats jugés déséquilibrés pour la partie ukrainienne.
En visite à Pékin, Vladimir Poutine a montré son étonnement face à ce jugement en précisant que « ces contrats ont été signés en pleine conformité avec les lois de la Russie, de l’Ukraine et les normes internationales ». Dans son bon droit, la Russie n’entend pas lâcher son contrat avec son client ukrainien. Même si Viktor Ianoukovitch semblait proche des vues moscovites, l’actuelle politique du gouvernement ukrainien semble réellement se distancier de tout réel rapprochement qui pourrait mettre en péril sa marche vers l’Europe. Mais celle-ci, avec un tel jugement, s’avèrera bien plus complexe. Ce verdict s’apparente à un procès politique qui n’aurait donc pas beaucoup à envier au système judiciaire russe avec le cas de Mikhaïl Khordorkovski.
Au final, l’Ukraine, fragilisée, doit admettre l’impasse politique dans laquelle elle se trouve. La confirmation de cette condamnation l’éloignerait significativement de l’Union européenne. Un pays divisé qui n’a toujours pas décidé de son destin. Vingt ans après son indépendance, un peuple cherche toujours sa boussole.
F.V.
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