Totalement abandonné par la machine médiatique, le climat poursuit sa route et les tendances aux changements n’en démordent pas
Les intempéries dans le Var sont venues rappeler la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes qui n’ont montré aucune accalmie depuis plus de vingt ans. Région qui a connu de nombreuses inondations, à l’occasion des intempéries de la nuit du 15 au 16 juin 2010, le département du Var, en France, souffre une nouvelle fois. Avec un bilan provisoire de vingt-cinq morts, la nature du phénomène suscite quelques réflexions.
Si la question de l’urbanisation est un facteur amplificateur de ces phénomènes, la transformation du modèle climatique de notre planète est bien en marche. Des évènements toujours aussi extrêmes, mais une société qui semble s’être résignée à vivre dans ces instabilités. Les extremums climatiques se multiplient, nos sociétés n’ont jamais été en position de réagir. Ces événements répétés de façon séquentielle dévoilent la fragilité de nos infrastructures. Celles-ci sont totalement impréparées à ce nouveau monde.
Les intempéries qui ont eu lieu dans le Var font partie de cette litanie de phénomènes qui se manifestent un peu partout dans le monde. Au même moment, la Jordanie et les pays du Golfe connaissent une période exceptionnelle de canicule. Les températures explosent les thermomètres. Au Koweït, les réseaux électriques sont en surchauffe. En Chine, la saison des pluies, qui a débuté au mois de mai, bat des records. La région du Guangxi fait face à des inondations massives. Les autorités chinoises ont indiqué le déplacement de 1,4 million d’habitants vivant près des berges. Le pays s’est habitué à ces pluies torrentielles aux conséquences humaines dramatiques.
Que ce soit en France, en Jordanie ou en Chine, les phénomènes « extrêmes » se multiplient et, surtout, se banalisent. Des situations que les populations semblent résigner à accepter. Une telle évolution peut être inquiétante pour les décennies à venir. Les autorités publiques devront faire face à une météo qui amènera de plus en plus de contrainte sur le plan politique, économique ou social. Une adaptation que celles-là ne s’avèrent pas avoir totalement saisi. L’ampleur des enjeux est tel, que toutes les structures sociales doivent d’hors et déjà penser à mettre en place. Des budgets toujours plus importants devront être concédés à l’avenir par les gouvernants. Les errances de la communauté internationale sur la question climatique laissent augurer des moments qui seront toujours plus difficiles à gérer.
L’après-Copenhague ou la désertion médiatique
Du besoin de nouveauté à la nécessité de l’action, la question a fini par lasser. Les médias ont déserté les rangs. L’appareil médiatique ne cesse de naviguer d’un événement à l’autre, garder en éveil toujours leurs consommateurs. La question climatique a subi la loi des séries. Le sommet de Copenhague passé, les médias, tels des vampires, se sont déployés sur une actualité toujours plus fraîche.
L’échec de ce sommet historique n’a pas altéré une seconde cette machine redoutable. Elle a fait fi du résultat, oubliant la nature et l’enjeu de cette rencontre internationale. Cette désertion massive a assommé les importants efforts de la communauté scientifique pour alerter du danger qui s’entrouvre à l’horizon. Très rapidement, différents relais et scandales ont donné le coup de grâce à l’audience du GIEC. Ce panel de scientifiques chargés d’établir les projections climatiques, auprès des Nations Unies, a été la cible de vives critiques. Critique de l’opacité qui peut régner autour d’eux, polémiques sur la validité scientifique des études, offensive tous azimuts des climato-sceptiques ont profondément terni l’image de la question du changement climatique auprès de l’opinion mondiale.
Aujourd’hui, les débats sont revenus en arrière. La mobilisation de la communauté scientifique, les effets médiatiques d’un leader politique comme Al Gore ont vu leur écho médiatique diminué au profit de thèses plus opposées. Les climato-sceptiques, les think tank conservateurs tiennent la dragée haute. Ils martèlent un discours, contestent avec opiniâtreté les thèses du réchauffement climatique. Aux États-Unis, ces derniers ont été soutenus durant l’administration de Georges W. Bush. Alors que Barack Obama mise sur les GreenTech, le discours conservateur a progressé nettement dans l’opinion américaine. Ainsi, en 2010, 48% des Américains estiment exagérer le réchauffement climatique. Cette évolution de l’opinion publique est un frein pour les autorités publiques.
Le futur sommet de Mexico, fin 2010, ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Les États évitent de prendre des décisions douloureuses qui auront des conséquences majeures pour leurs sociétés. Ils sont également enfermés dans un modèle économique qui n’a pas pris en compte les limites géologiques, atmosphériques, biologiques du système « Terre ». La course contre la montre est engagée. Les plus grands scientifiques ont averti la société civile depuis des décennies. Les militaires prennent en compte désormais ce paramètre comme futur facteur de conflits.
Malheureusement, la mise en place d’un système régulant les émissions de CO² s’avère complexe. Sans la création d’une autorité ayant force juridique pour appliquer des mesures coercitives à l’encontre de l’État contrevenant, tout accord restera vain. Pour les sociétés humaines, il s’agit d’une révolution mentale. Il s’agit ni plus ni moins que de notre bien commun à tous.
La négociation globale est à ce jour irréaliste, le sommet de Copenhague a démontré la complexité de mettre un mécanisme où toutes les parties seraient satisfaites. Prenant acte de cet échec patent, les États semblent se diriger vers des accords bilatéraux et sectoriels. Mais si un tel processus est positif, ce processus politique est en train de se faire distancier définitivement par le processus climatique. Cette lenteur qui pourrait durer jusqu’à trente ans pourrait avoir de lourdes conséquences auquel cas les scientifiques ne répondent plus de rien. Un laps d’une trentaine d’années où le destin de l’Humanité est en jeu.
A l’heure où le monde perd la tête pour un ballon rond, la planète, elle, poursuit sa folle course. Pour l’Humanité, sa ligne d’arrivée pourrait signifier le néant.
F.V.
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