La prise de contrôle totale de Gaza par le Hamas soulève l’inquiétude de la communauté internationale
Le drapeau du Hamas flotte sur Gaza
A Gaza, la lutte d’influence entre le Fatah et le Hamas a connu un terme. En l’espace de quelques jours, les forces armées du Hamas ont pris le dessus sur les forces palestiniennes de sécurité contrôlées par le Fatah et sous juridiction de l’Autorité palestinienne. Un événement longtemps redouté par les chancelleries occidentales et les régimes arabes, qui ont signé un traité de paix avec Israël (N.B. : L’Égypte et la Jordanie). Aujourd’hui, le Hamas règne sur la totalité de la bande de Gaza.
La situation est désormais chaotique, le Fatah n’ose pas se remettre en question sur la gestion de la crise et de sa défaite qui a eu lieu à Gaza, territoire évacué par les forces et les colons israéliens en juillet 2005. Mohammed Dahlan, responsable des forces de sécurité palestinienne pour Gaza, était étrangement absent durant les affrontements. Il a séjourné en Europe pour y subir une opération médicale bénigne. Le Fatah a reçu immédiatement le soutien de la communauté internationale, notamment des puissances occidentales. Mahmoud Abbas s’est vu conforté dans sa légitimité internationale, mais cependant, l’échec de sa gestion dans la bande de Gaza ne doit pas éblouir la vue de l’observateur étranger. Selon CNN, la politique américaine au Moyen-Orient a fait ressortir trois personnalités de ce théâtre, apparaissant dans des postures délicates : Fouad Siniora (Liban), Nouri al-Maliki (Irak) et Mahmoud Abbas (Cisjordanie).
Ce dernier se retrouve politiquement affaibli. La faillite de la gestion de l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza, premier territoire palestinien sans occupation israélienne, s’explique par l’implantation très forte du Hamas dans cette partie des territoires palestiniens. La victoire du Hamas lors des élections législatives de janvier 2006 a été un vecteur qui a permis l’accélération de la structuration de l’organisation sur l’ensemble du territoire palestinien. Mais Gaza représente le symbole de cet établissement, le cœur du mouvement islamiste palestinien. Le Hamas dispose de trois atouts majeurs auprès de la population palestinienne : sa participation à la résistance à l’occupation, son réseau d’aide sociale, le dévouement incontestable de ses cadres.
La victoire du Hamas aux législatives a rapidement provoqué la mise en place d’un cordon sanitaire autour du nouveau cabinet. Les Occidentaux ont suspendu leurs aides financières à ce gouvernement islamiste. La reprise de l’aide internationale était conditionnée à la reconnaissance par le Hamas de l’État hébreu et des accords signés entre l’OLP et Israël. En effet, le mouvement palestinien a toujours inscrit comme principal objectif, dans sa charte fondatrice, la destruction d’Israël. Aujourd’hui, la dichotomie qui s’établit dans les territoires palestiniens semble irréversible. La scission historique entre Gaza et la Cisjordanie est, à présent, consommée.
Il faut s’interroger sur les conséquences de cet événement. Le Hamas se retrouve pris au piège de sa propre victoire avec un isolement qui se raffermit. La bande de Gaza est coupée du reste du monde. Les dirigeants du mouvement islamiste vont devoir jouer de leur imagination s’ils veulent conserver l’avantage pris sur le Fatah. Israël comme les gouvernements occidentaux ne doivent pas crier victoire, après l’échec d’Israël face au Hezbollah, l’été dernier, la victoire militaire du Hamas à Gaza est un nouvel échec de la gestion des crises dans la région par le gouvernement d’Olmert.
Désormais, il faut voir dans cet événement un renforcement de la position de Téhéran dans la région. Ainsi, après le Hezbollah qui est en train de reconstituer sa force militaire par le transfert d’armes depuis la Syrie, le Hamas devient un nouveau fer de lance pour l’Iran (N.B. : les renseignements palestiniens ont signalé que l’Iran a soutenu le Hamas dans la prise de contrôle de la bande de Gaza). Aujourd’hui, la bande de Gaza risque de former une nouvelle plateforme, un levier que l’Iran pourrait utiliser face à l’Occident à propos de l’épineux dossier du nucléaire. Après la victoire du Hamas, le Yediot Aharonot, quotidien israélien, titrait en une « Téhéran à cinq minutes d’Ashkelon ». Cette ville est parfois la cible des roquettes du Hamas, tirées depuis la bande de Gaza.
La situation risque de dégénérer sur le plan sécuritaire mais aussi humanitaire. Un million et demi de Gazaouïtes se retrouvent sans aucune ressource et la communauté internationale est prise au dépourvu. L’exemple français est symptomatique de cette réaction, le Quai d’Orsay et son ministre, Bernard Kouchner, n’ont pas réagi de manière très vigoureuse face à la situation dramatique au Proche-Orient. George W. Bush a promis d’envoyer un représentant spécial du Quartette (N.B. : Tony Blair vient d’être chargé de la mission, une fois ses fonctions achevées à Downing Street) pour relancer le plus rapidement possible un processus de paix qui semble s’éloigner toujours un peu plus…
F.V.
vive hams vive les hommes
vive la palestine et vive les palestinien et gloire aux martyyres d’el aqsa et de gaza