Le buzz de la campagne prend le pas sur le débat d’idées
Campagne longue, très longue, trop longue. Usure des candidats et de leur discours, on n’a plus rien à dire. Mais puisqu’il faut quand même dire quelque chose, on brasse du vent. Ou alors on commente, on monte en épingle ce qu’un adversaire à dit, quitte à déformer ses propos pour en tirer du jus. C’est devenu une tradition, Les candidats commentent chaque matin les petites phrases de la veille que les médias leurs servent sur un plateau. « Machin a dit ça, qu’en pensez-vous ? » Forcément du mal. Comme si la campagne ne se résumait qu’à ces commentaires. A longueur d’interviews, on passe plus de temps à dénigrer ce qu’a dit l’adversaire plutôt qu’à développer ses propres idées. Il est plus facile de démolir que de construire. Les intervieweurs jouent le jeu autant que les interviewés, on attend le dérapage, la formule qui fera polémique, que tous les autres médias reprendront et dont on sera fier d’être l’accoucheur.
Dans ce registre, Devoir de réponse, émission diffusée sur le site Sarkozy.fr, explore les ultimes tréfonds du système. Elle invente le commentaire instantané. Fini les heures interminables à attendre pour savoir ce que l’UMP pense de la dernière déclaration de Ségolène Royal. Assise près d’un moniteur diffusant l’émission de TF1 du 19 février dernier, J’ai une question à vous poser, consacrée à Ségolène Royal, on a proposé à Rachida Dati, porte-parole de Nicolas Sarkozy, de suivre l’émission en direct et de donner ces réactions. Déception, elle n’a rien à dire, si ce n’est ressasser les éternels critiques de l’UMP envers la candidate socialiste sur son manque de consistance. L’intervieweur lui pose une question, ses yeux cherchent une réponse, quelque chose à dire, mais les mots ne viennent pas, elle bafouille. A peine réussit-elle à répéter la question en guise de réponse. Faut-il toucher le fond pour remonter à la surface ?
R.C.
* Voir l’article précédemment paru sur ce blog, « L’emballement médiatique »
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