Une vidéo diffusée sur Internet dévoile les intentions de vote d’Alain Duhamel
Vendredi dernier, le journaliste politique Alain Duhamel a décidé de suspendre ses activités à la radio sur RTL et à la télévision sur France 2 suite à la diffusion sur Dailymotion d’une vidéo tournée à Sciences Po Paris lors d’une conférence. Dans cette vidéo, où il parle de François Bayrou et de sa campagne, Alain Duhamel déclare qu’il « aime bien » le président de l’UDF et qu’il va voter pour lui. Tollé. La vidéo est vue par plus de 100 000 internautes en moins de deux semaines et Alain Duhamel est obligé de venir s’expliquer sur l’antenne de sa propre radio et d’annoncer qu’il suspend ses activités journalistiques le temps de la campagne, en accord avec ses supérieurs, sa neutralité étant mise en cause.
Depuis ce retrait de nombreux journalistes sont montés au créneau pour défendre Alain Duhamel et fustiger le politiquement correct qui interdirait aux journalistes d’exprimer leurs opinions. On peut comprendre l’émotion de ces journalistes et du public étant donné la longétivité d’Alain Duhamel dans les médias (plus de trente ans) et le respect dont il jouit au sein de la profession. Cependant, comme il l’a lui-même avoué, ses éditoriaux et ses interviews auraient été forcément analysés à la lumière de sa prise de position. Son retrait était alors nécessaire. Pourquoi alors Béatrice Schoenberg, épouse de Jean-Louis Borloo, et Marie Drucker, compagne de François Baroin, devraient arrêter la présentation de leurs journaux télévisés respectifs le temps de la campagne, alors qu’Alain Duhamel pourrait rester en place ? De plus, elles n’ont jamais exprimé publiquement leurs opinions, c’est leur affinité avec des hommes politiques qui est en cause. Alain Duhamel, lui, a été beaucoup plus explicit. On n’a pas beaucoup entendu les journalistes qui soutiennent Alain Duhamel sur les cas Béatrice Schoenberg et Marie Drucker.
On se plaint du politiquement correct, de journalistes sans opinions, mais quelle serait la situation si tous les journalistes les revendiquaient ? On aurait des chaînes de droite , comme Fox News aux Etats-Unis, et des chaînes de gauche roulant pour le pouvoir suivant la tendance du gouvernement. Des journalistes comme Jean-François Kahn ou Yves Michaux se plaignent de ce que les médias roulent pour Nicolas Sarkozy (sans pour autant avoir de preuves) et y voient un danger pour la démocratie. Que dirait-on si ces soutiens médiatiques au candidat de l’UMP étaient revendiqués ? On s’insurge devant un cas de suspension d’un journaliste alors qu’il est clair qu’aucun citoyen, intellectuel ou homme politique ne souhaiterait que les journalistes révèle leur vote. Nous devrions être fier que nos médias soient si soucieux de leur indépendance et cherchent plus que tout à délivrer une information non-partisane, même si cela donne l’impression parfois que l’information est trop lisse à force de vouloir être neutre.
Par ailleurs Alain Duhamel a regretté lors de son entretien avec Jean-Michel Aphatie sur RTL que ses « propos privés » se retrouvent en public. C’était lors d’une conférence à Sciences Po ouverte aux élèves, pas lors d’une conversation entre amis. Qu’y a-t-il de privé là-dedans ?
R.C.
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